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mercredi 27 janvier 2010

Interview de Senseï Abdel El Edrissi (4e Dan JKA)





Interview au Dojo Ippon Karate Huy. Janvier 2009.

Zakria Dulieu : Bonjour Senseï

Abdel El Edrissi : Bonjour monsieur Zak

Zak : Comment avez-vous été amené à vous intéresser aux arts martiaux pour la première fois ?

Abdel El Edrissi : « Quand j’étais enfant, je regardais un peu des films style… Bruce Lee entre autre, je regardais des films d’art-martiaux, de karaté…c’était du kung-fu en faite…et alors, c’était un peu la mode, j’avais 11 ans et comme c’était quelque chose qui était attirant, très dynamique, c’était quelque chose de nouveau. Tout le monde commençait à s’intéresser aux arts martiaux. Alors, il y a des petits clubs qui ont ouvert à droite à gauche. Moi je préférais plutôt travailler avec des gens, tout un groupe d’amis, pour former notre petit groupe, notre club en quelque sorte. Dedans, il y avait des gens qui allaient dans des autres clubs, il y avait des gens qui étaient pratiquant de haut niveau et on apprenait ensemble, l’entrainement était très dur c’était du réel, ce n’était pas s’entrainer à la touchette. Et donc on allait s’entrainer dans les bois, style, entourer une corde autour d’un arbre et commencer à frapper comme un dingue. Et j’étais encore gosse hein mais il fallait y aller…

Et puis j’ai continué et vers l’âge de 15 ans ben la, j étais beaucoup plus solide, plus « mature » pour commencer à pratiquer la casse « des tuiles et des tuiles etc. etc.… tous ça c’était basé beaucoup plus sur la réalité et de la technique mais de la technique qui pourrait servir au cas où.

Puis je me suis inscrit dans un club, un petit club de quartier à Larache au Maroc c’était beaucoup plus pour travailler avec les autres et voir les ceintures qu’est ce que ça valait, mais moi je n étais pas intéressé par les ceintures… »

Z : De quel style était le club ?

AE : « C’était du Shotokan mais comme c’était au début de la notoriété des arts-martiaux… rien était vraiment définit on mélangeait un peu tout, c’était du Shotokan mélangé avec d’autres styles avec du wado ryu, du judo et un peu d’aikido pour pouvoir un peu travailler avec des armes et se défendre contre des armes…C’était finalement un ensemble d’art martiaux.

J’apprenais aussi dans des livres et le livre qui m’a marqué le plus, qui m’a appris le plus c’était un livre écrit par Sensei Oyama et là c’était…ça s’appelait…la vitalité…

Et ce livre là, j’étais impressionné quand je voyais des photos de ceintures noir qui faisaient de la casse, qui faisaient des trucs incroyables et on peut dire que j’ai commencé avec le Kyokushinkai et le wado ryu… ça c’était au Maroc et cela a duré des années jusqu’à la fin de mes secondaires.

Ce que je cherchais c’étais l’efficacité et être le plus complet possible et le club offrait cela. »


Z : En quel année êtes vous arrivé en Belgique et pourquoi ?

AE : « Je suis venu en 1980 et c’était dans le but de faire des études supérieurs d’ingénieur, j ai commencé par la faculté d’agronomie à Gembloux et donc par la suite je suis allé à l’université de Liège et c’est a Gembloux, en arrivant et en parlant avec des amis…qu’ils ont su que je faisais du karaté …ils m’ont dit qu’il y avait un cours qui se donnait à l’université… »

Z : Et à ce temps là, quel grade aviez-vous ?

AE : « Justement, comme j ai répondu auparavant, je ne m’intéressais pas aux ceintures. J’avais pratiqué au moins 10 ans et je n’avais toujours pas de ceinture, ni de grade parce que ça ne m’intéressait pas… Ce qui m’intéressait c’était apprendre l’efficacité, c’est ce qui est resté de l’époque et c’est pour ça que dans mes cours je cherche toujours cela malgré que mon style a évolué, maintenant, je suis un karateka JKA très convaincu mais il y a du reste de mes débuts et c’est ça que je touche à peu près à tout… »

Z : Et donc, en 1980 quand vous êtes arrivé en Belgique et que vous étiez à Gembloux…

AE : « Ben à ce moment là, on m’a dit qu’il y avait un cours qui ce donnait là et que c’était un japonais, j’ai dis : « ben je vais aller voir ». Je suis allé voir et effectivement c’est là où j’ai vu pour la première fois Senseï Miyazaki. »

Z : Que pouvez vous nous dire sur lui, qui était-il ? Comment était vos entrainements sous son apprentissage ?

AE : « Quand j’ai commencé le cours avec lui, directement, j’ai assisté à son cours. Il m’a pris sur le côté et il m’a dit :
- « Qu’est ce que vous faites comme style exactement ? »
- « Senseï moi –même je ne le sais pas »
- « Mais des fois tu fais du Shotokan, des fois c’est du wado-ryu , des fois autre chose… »

Sensei Miyazaki il faut dire que c était un expert, il voyait les choses directement…

Il me dit : - « Ici tu vas faire ce que moi je te dis de faire ». Bon moi le contrôle à l’époque, je ne connaissais pas… ça veut dire que … (on rit) Je travaillais comme avec mes amis auparavant… c’était…. Plus d’une fois Senseï Miyazaki m’a mit sur le côté parce que c’était le naturelle qui sortait a chaque fois même quand je faisais attention, ben des fois bon ça arrivait quoi. Et il a fallut un certain temps alors à ce moment là, Senseï Miyazaki m’a dit ; (comme j étais un très bon combattant, étant donné que tout ce que j’avais fait ce n’était que des combats.) - « je vais t’inscrire pour le championnat interuniversitaire ». Je dis : - « Senseï c’est quoi ca ? ». Il m a dit : - « tu verras, mais si tu veux gagner, il faut respecter les règles… ». Il y avait de bon combattants à l’époque donc au club, on a commencé à travailler ensemble donc les règles… on va dire ça comme ça… et on est effectivement partie au championnat, c’était à Bruxelles. »

Z : Donc ça, c était votre premier championnat ?

AE : « Oui… et heu…on l’a remporté avec la main assez haute…voilà… »

Z : avez-vous des souvenirs affectueux ou des histoires drôles avec Sensei Miyazaki à nous faire part ?

AE : « Avec Sensei Miyazaki, quand on avait fini les cours, comme il n’avait pas de voiture il allait prendre son train et qu’est-ce qu’on faisait ? Ben, on l accompagnait à la gare et on discutait beaucoup avec lui de tout et de rien. Je lui ai posé des questions sur Bruce Lee, les autres styles, sur les gens qui se disent 10ème dan machin, comme ça…sur plein de chose, il était d’une patience incroyable donc il répondait gentiment. Ce qui m’a marqué le plus c’est quand il allait dans les autres clubs, on offrait le verre à Sensei et là, comme on était étudiants ben c’est le Sensei qui nous offrait le verre… en toute gentillesse.»



Z : Quel sont les choses les plus importantes que vous avez à dire par rapport à Miyazaki senseï ?

A.E. : « C’était quelqu'un de très discret mais c’était un homme de cœur et c’était aussi quelqu’un qui avait des connaissances énormes, il travaillait avec une facilité incroyable sans avoir le gros coup comme les autres senseïs qui faisait tout une pub sur eux… mais lui, il était très discret mais très efficace, je peux dire que c’est lui le père du karaté Belge. C’est lui qui a vraiment battit la JKA en Belgique et même le karaté en Belgique, parce que les autres personnes qui sont valables ou peu importe et qui sont dans une autre fédération, la plus part on travaillé d’abord avec senseï Miyazaki, ils on apprit d’abord avec lui puis, ils ont fait bande à part par la suite.

Pour senseï Miyazaki, on devait être de bons techniciens mais on devait aussi être quelqu’un de bien, donc il n’y a pas que l’aspect technique, c’est tout le reste aussi (l’aspect humain, comment tu te comportes avec les gens, comment tu es dans ta vie de tous les jours etc.).
Le karaté, c’est ça aussi… ce n’est pas uniquement de la technique, si non on peut aller faire de la boxe, on peut aller faire des autres sporst de combat (je ne parle pas d’art martiaux… sport de combat). Le karaté ce n est pas uniquement de la technique c’est aussi une philosophie et c’est aussi une manière d’être et de faire… »



Z : Comment décriviez vous l’approche de senseï Miyazaki envers l’enseignement du karaté ? Y’avait-il une rudesse par rapport à aujourd’hui ou alors des faits qui ont évolué par rapport à nos jours dans la pratique du karaté ?

AE : « Pour senseï Miyazaki, il fallait travailler le kihon, travailler, travailler, travailler…d’une manière très rude. Tu n’avais pas le temps de souffler qu’il était en train de crier qu’il fallait continuer et c’est quelle que chose qui était très bien mais on ne comprenait pas à l’époque. Des fois on se disait : -« mais pourquoi il ne donne pas autre chose ? ». Il disait toujours : « il faut travailler la base, la base, la base et l’européen en générale, l’occidentale, a toujours besoin de voir autre chose très diversifié quelque chose qui « flache » qui tape à l’œil…la mentalité japonaise ce n’est pas ça…c’est, tu travails, tu refais la même chose aujourd’hui, demain, après demain, dans un mois peut-être et ne te poses pas de questions, « fait ce que je te dis de faire, moi je sais pourquoi », l’européen il veut savoir pourquoi… Mais aujourd’hui j’ai la réponse…
Je sais qu’il avait raison parce que c’est en travaillant la base que tu développes un très bon karaté ça sert à rien d’envoyer son pied avec un mawashi tout au dessus, c’est beau à voir peut-être, mais ça ne vaut rien. Bien faire un tsuki qui mène à rien c.-à-d. que tu touches avec ton tsuki et c’est comme si tu caresses quelqu’un mais quand tu as travaillé ton tsuki des milliers de fois tu peux tuer quelqu’un avec… c’est un petit peu ça le message qu’il voulait faire passer, c’est comme les samouraïs, les samouraïs ne frappaient pas 36 fois pour casser le mec ; non, un coup, il le coupe en deux voilà, c’est un peu ça l’idée… Mais il a fallut le temps pour comprendre ça, malheureusement quand je donne cours je dois donner autre chose et autre chose parce que les gens sont vite lassé et on ne peut plus travailler le karaté comme on le faisait avant…




Z : Pourquoi malheureusement ?

A.E. : « Parce que les gens… il y a beaucoup d’offres, d’autres arts martiaux qui sont spectaculaires, où, en très peu de temps on donne une ceinture en très peu de temps en devient soit disant un grand champion et on croit qu’on est quelqu’un déjà...mais le karaté ce n’est pas ça, le karaté il faut beaucoup de temps, beaucoup d’apprentissage, beaucoup de patience, il faut le temps ; mais c’est très efficace. Maintenant les gens, veulent des résultats tout de suite, quelque chose de beau, d’efficace, sans transpirer qu’on leur donne sur une assiette la voilà, tu prends ça…Et une fois qu’il a avalé ça ben il faut encore autre chose… Ca veut dire que le senseï qui doit donner cours il doit avoir beaucoup de connaissances pour en mettre plein les yeux à tout le monde…c’est un peu ça... Et on ne fait plus le karaté comme avant « à la dur ». Moi j’ai déjà été à un stage à Gand où on a fait 1000 maegeri…voilà, c’est ça le cours…c’est pour développer l’endurance, pour développer les reflexes etc. qu’on fait autant…mais les japonais se sont rendu compte par la suite que c’était exagéré parce que eux, avant, ils s’entrainait comme ça… on dit tsuki et pendant un mois on fait que le tsuki voilà…tsuki, tsuki… maintenant il ont changé leur manière de faire pourquoi parce que il viennent ici en Europe, ils vont en Amérique, ils voient des autres personnes comment ils travaillent. L’occidentale, américain, veulent autre choses et les japonais ont appris de nous certaines choses par exemple, ils ont une très grande souplesse mais travail un peu moins les coups de pieds. Mais en Europe dans les compétitions on utilise beaucoup plus les pieds… ce n’est pas le même travail et il y’a un échange qui s’est fait… et nous on a besoin des japonais parce qu’ils sont quand même à l’origine du karaté et on a quand même beaucoup à apprendre d’eux… Mais ici en Belgique comme partout en Europe on est arrivé à un très bon niveau grâce justement au japonais comme senseï Miyazaki qui est venue et d’autres experts et on est arrivé à un très bon niveau donc on peut changer la manière d’entrainement.




Z : Il y a des rumeurs qui disent que le Shotokan est assez traumatisant pour le corps et les articulations, et vous, justement qui faite partie de cette génération là… pouvez-vous nous donner votre avis, par rapport à ce que vous avez vécu, quel est votre avis sur la question…


A.E. : Avant on travaillait beaucoup plus bas… Je me rappelle senseï Miyazaki nous disait toujours plus bas plus bas maintenant on travail un peu plus haut parce qu’il faut dire aussi que quand on travail plus bas et qu’on n’est pas habitué ça fait un petit mal quand même… Mais pourquoi on travail plus bas ? Parce que au karate quand on fait cours on ne fait pas autre chose que du karaté, c’est pour fortifier les muscles des Jambe et donc c’est pour ça qu’en travaillant plus bas on fortifie plus les muscles des jambes pour les rendre plus puissant. Maintenant, on travail un peu plus haut parce que les gens ne supportent plus de travailler plus bas, mais le faite de travailler bas est bon aussi non pas rien que pour les muscles mais aussi pour la rapidité … si on travaille bas très rapide une fois un petit peu plus haut on travaille deux fois plus rapide c’est un peu ça aussi qu’il y a du bon dedans ; moi personnellement j’ai travaillé bas, je travail un peu plus haut, je n’ai pas de problème. Maintenant les gens qui ont peut-être des problèmes, c’est peut-être à cause de l âge , à l’arthrose, un problème de leur squelette ou de leur tondons ou je ne sais pas quoi ça n’a rien avoir avec ça, ça n’a rien avoir avec le , je connais plein de gens qui n’on jamais fait du sport et qui ont des problèmes et ils se sont fait opérer de la hanche … que du contraire , au travail par exemple (il est responsable de la sécurité et environnement et coordinateur de chantier d’une grande entreprise Liègeoise) des gens beaucoup plus jeunes que moi, ont plein de problèmes, c’est l’arthrose, ils on été opérés par là ou par là, c’est le tondons, c’est ça, ou ça, etc.…et il n’ont jamais fait de karaté, ni un sport. Maintenant tous les sports sont traumatisants parce qu’il y a un contact … Au football il n’y a pas plus vache… on voit des blessures qu’il y a au football qu’il n’y a pas au karaté… Il y a un contact incroyable et de la casse, le tennis il y a de la casse aussi au niveau des poignets, des coudes etc. ; dans tous les sports il y a quelque chose… maintenant il y a des détraqueurs du Shotokan : -« oui mais aller faire de la boxe , parce que là, tu n’es pas plus bas, les articulations ne travaillent pas »…À part que tu arrive à 40 ans et que ton cerveau ne tient plus en place … on peut chercher tout ce qu’on veut dans ce qu’on veut… »



Z : Pensez-vous que le karaté martial est en passe de disparaitre au profit du karaté sportif ?


A.E. : « Tant qu’il y a des bons karatékas, des vieux comme moi (il rit) le karaté martial ne disparaitra pas, pourquoi ? Parce que… Les anciens on fait de la compétition, moi aussi j’en ai fait, championnat de Belgique universitaire, championnat provinciale, compétition par ci par là, de bon résultats tout ce que tu veux et puis je ramène mes médailles et puis je ramène mes coupes et puis je l’ai dépose sur la cheminé et puis après « hop » dans le grenier et finalement qui se rappelle de moi ? Ce que j’ai fais dans les années 80 des championnats, des tournois, que j’ai été champion... C’est éphémère, si j’avais axé mon entrainement rien que sur l’aspect sportif aujourd’hui à l instant où je te parle j’aurais arrêté depuis 20 ans peut-être plus… j’aurais jamais fait du karaté et puis voilà. Et donc, il faut continuer à pratiquer le karaté martial parce que c’est ça en faite la finalité du karaté c’est pouvoir se défendre, pouvoir s’en tirer dans toutes les situations et par moment des aspects philosophiques et autres … donc il faut savoir utiliser ton karaté parce que si tu ne fais que de la compétition , que du sport, ben une fois que tu monte dans l âge , tu fais plus de résultats dans les compétitions , tu n’es plus aussi souple ou bien t’as des autres motivations , t’en a marre d’aller jouer à la touchette avec des jeunes , tu as envie de voir autre chose si tu n’as fais que ça ben après tu arrêtes , c’est fini et j’en connais beaucoup. Maintenant si tu avais basé t’on entrainement sur un ensemble de critères, à savoir les techniques, le kihon, les kata, les kumités, là tu peux continuer à travailler la technique, travailler les katas donc les bunkais etc.… Ca c’est le karaté martial et tu peux continuer à travailler dans ton club le vrai kumite pas besoin d’aller au championnat, tu peux travailler ça dans ton club avec tes élèves, entre les élèves aussi ; et donc tant qu’il y a des gens qui ont compris ça le karaté martial ne disparaitra pas parce que c’est un choix il faut choisir sont club dès le départ… il faut savoir si on veut faire juste du sport et penser que 10 ans après et on ne fait plus de résultats et on arrête c’est fini , puis on fait un autre sport, on va jouer au tennis ou autre chose après, ou alors on a choisi ça toute sa vie et dans ce cas là, on fait de la compétition oui, mais à côté de ça il faut travailler réellement , la technique, les katas etc. et dans tous les katas , toute la technique, les kumité etc.…Ben il y a du travail à deux donc c’est une forme de compétition, c’est une forme de sport aussi mais en même temps c’est martial ça veut dire c’est une situation réelle des choses, tu peux… par exemple si je prend un kata , ben , on te montre une série de mouvements et ces mouvement là, vous le savez très bien car je le montre à chaque fois, je montre un kata, je fais l’application des katas, mais plusieurs significations d’application pour un seul mouvement, mais si on a jamais appris ça, on arrête… on aura juste pratiqué une sorte de boxe pied poing sautillante, moi j’en connais beaucoup qui on fait du karaté et que maintenant il ne se rappelle plus de ce que c’est Heian shodan et ne savent plus lever leur pied et ils faisaient de beaux mawashis avant… Non je crois que le style que nous pratiquons, ce que nous faisons, tant qu’il y a des gens et des fédérations comme la notre, il y aura du karaté martial sans problème. Parce que il y’a des gens qui on comprit et qui transmettent ça à leur élèves et les bon élèves restent et ceux là, c’est eux qui vont demain porter le flambeau … Senseï Miyazaki n’est plus là, moi je suis encore là, je transmets à vous comme j’ai eu l’occasion de travailler avec senseï Nakayama en personne qui était le senseï de senseï Miyazaki… Senseï Miyazaki m’a appris, moi je vous apprends… Senseï Nakayama à appris avec senseï Funakoshi et Senseï Funakoshi avec maitre Anko et Itosu … Vous êtes la 6ième génération on est à la source et nous somme toujours attaché à cette source qui est l’art martial… Senseï Funakoshi ne faisait pas de compétition mais il était efficace car il avait appris tous les kata et les Bunkai donc leur utilité, les techniques et j’en passe… Mais tous ces « nouveaux » grands maîtres ont fait de la compétition, ils était jeunes et avaient besoin de se défouler c’est normale mais après ils ont compris et ont fait autre chose…À 50 ans je ne vais pas aller jouer à la touchette, on passe à autre chose, c’est un peu ça, il y a un âge pour tout… on fait de la compétition jusque 25, 30 ans puis après on tourne la page…mais si on a pas apprit autre chose on arrête, c’est fini …! C’est ça qu’il faut savoir, il faut continuer à travailler. Dans les stages, je croise beaucoup de gens qui ont 60 ans ou plus …il faut les voir, travailler…quelle pèche, quelle endurance et quelle agilité …c’est un mec qui fait encore du karaté et il le fera jusque à 90 ans s’il le faut, mais ça c’est du karaté martial ! Le mec, tu te mets en face de lui, tu fais combat avec lui…ben méfie-toi…Il s’ait aussi faire le combat mais on s’en fou de gagner un demi point ou un point… il y a des gens qui aiment bien ça, et je respecte leur choix… »



Z : Que représente le karaté pour vous et la JKA ? Qu’est ce qui différencie le karaté JKA et les autres styles de karaté Shotokan ?

«A.E. : Ben moi personnellement le karaté m’a apporté beaucoup de choses dans ma vie privée, ça forge le caractère, ça veut dire, quand tu veux quelque chose…tu te dis : c’est ça que je veux… dans mes études ça m’a aidé, dans ma vie professionnel ça m’aide, dans ma vie privée, dans tout…Tu as un but et il faut arriver au but… Ca forge ton caractère pendant l’entrainement mais aussi dans ta vie de tous les jours… Mais il y a aussi l’aspect philosophique, la courtoisie, savoir comment réagir avec les gens, savoir prendre les gens avec leur différence… »



Z : Que pouvez-vous dire aux personnes qui disent que la philosophie n’existe pas dans le karaté ?

A.E. : Ben c’est personnes là, par exemple, s’ils viennent assister à notre cours et qu’ils participent, ils vont voir que c’est faux… la philosophie existe en réalité… Avant de commencer le cours, quand tu rentres dans la salle on salut la salle, le respect de la salle et de ceux qui nous on précédé, on commence par le salut on se respecte mutuellement, vous vous saluez entre vous, vous saluez votre professeur, avant et après chaque exercice vous saluez votre partenaire, quand on fait un combat on se salut avant et après, et on se sert les mains. Un tout petit, on va l’aider, un qui a un problème on va l’aider… pendant le cours il n’y a pas de grosses têtes et de petites ou un médecin et un ouvrier de bâtiment, tout le monde a un kimono (karategi), tout le monde est blanc et ce qui compte c’est le travail et transpirer… c’est une sorte de philosophie ça… quand on va dans les stages et qu’on voit tout les gens qu’on ne connait même pas et on parle avec eux comme si c’était des amis depuis toujours c’est grâce au karaté mais tout ça on ne le voit pas dans les autres sports … Moi, je n’ai jamais vu deux équipes adverses de foot qui après le match les supporters et les joueurs boivent un verre ensemble, ils se saluent, rigolent ensemble… au karaté, après une compétition ou après un stage, ils sont tous là en train de boire un verre ensemble, de rigoler et de ce saluer…c’est une réalité ça. »

« Qu’est ce que la JKA représente pour moi ? Pour moi, la JKA est la meilleur des fédérations Shotokan ou une des meilleurs, il y a des gens très haut gradé et on continue toujours à prôner la même voie du karaté avec une approche traditionnel … elle est à l’origine de tout…d’ailleurs en Belgique, quand on voit le niveau technique de la JKA, on ne le voit pas dans les autres fédérations et ça c’est grâce à sensei myazaki et les gens qui l’on suivit …senseï Gneo, sensei Sawada et tout les anciens (moi et les autres)… »


Z : Vous avez ouvert un club en 1996 à Huy qui est toujours le club actuelle, pouvez-vous nous dire quelle étaient vos motivation ?

A.E. : « Pour moi, c’est comme si on m’a confié une mission… Senseï Miyazaki m’a appris et il n’est plus là, et ce qu’on a appris ne doit pas disparaitre, ça doit continuer, ça veut dire que comme moi on m’a aidé, je dois aussi aider les autres… donc je dois transmettre ce qu’on m’a transmit Sensei Funakoshi a transmit a sensei Nakayama, sensei Nakayama a transmit a sensei Miyazaki et celui-ci m’a transmit et je vous transmet donc ce qu’on m’a appris c’est une mission… Ca c’est l’aspect philosophique on va dire mais dans la pratique j’ai envie aussi de participer et de contribuer aussi au malheur de la société, c'est-à-dire que je préfère voir des jeunes venir faire du karaté ici que les voir en rue faire des bêtises parce que pendant qu’ils font du karaté, ils ont quelqu’un qui les encadre, qui leurs donne des conseils, qui peut les aider. Ici, moi je sélectionne les gens, donc des gens qu’on peut aider mais qui respect les règles… quand je dis sélectionner c’est avoir des gens qui sont motivés pour apprendre, qui respectent les règles et qui respectent les autres surtout. Au début, il y avait des gens qui sont venus et qui ont vu que la philosophie du club n’était pas la bagarre et ils sont partis dans d’autres clubs concurrents, c’est leur problème… Ici, c’est un sport, c’est un art martial mais il y a un aspect philosophique et social derrière. Je ne fais pas ça pour le pognon, le peu de cotisations qu’on a… il y a un comité de toute façon qui le gère (tu le sais bien), juste pour payer la salle et je participe moi-même. C’est pour donner à ceux qui le veulent, il n’y a pas une autre motivation derrière, c’est pour aidé les jeunes et transmettre ce qu’on m’a transmit … c’est déjà une motivation…


Z : Quel est votre kata favori dans le karaté Shotokan et pourquoi ?

A.E. : « J’ai plusieurs kata favoris j’aime bien plusieurs kata, c’est difficile car tout les kata du Shotokan sont tous intéressants et il y en a 26 , on doit savoir les 26, c’est comme si tu me demande tu as dans une main 5 doigts et c’est le quel qu’on peut te couper…c’est difficile… »


Z : le petit doigt ? (je rigole)

A.E. : « c’est une image…

Mon tokui kata c’est Bassaï Daï »


Z : Encore maintenant ? Parmi tous les kata shotokan ?

A.E. : « Parmi tous les Kata… Bon pourquoi… parce que j’aime bien travailler en puissance, la rotation des hanches, travailler dans toutes les directions et c’est un kata qui me donne tout ça…

Maintenant j’aime bien d’autres katas comme Nijushiho, il y a des mouvements comme un félin …tout doucement puis « paf » on explose…etc... J’aime bien aussi kanku daï, empi… puis après il y a les katas supérieurs que j’aime bien aussi comme gojushiho sho »



Z : Avez-vous un rendu de vos élèves ?

A.E. : « Je m’investie beaucoup pour mes élèves et vous le savez bien, je donne beaucoup, je ne triche pas avec mes élèves , je donne tout ce que j’ai, chaque fois qu’il y a quelqu’un qui a une question, je … bon, tu m’as posé la dernière fois une question pour le premier mouvement avec kiaï d’empi, je t’ai sortie 10 bunkaï pour ce mouvement là aussi efficace l’un que l’autre, des clés, des atemis, des projections… et c’est vrai certains de mes élèves me le rende bien ils sont fidèles, corrects, ils font aussi beaucoup pour le club… pour ne pas citer, il y a déjà vous deux (on est trois à la table), ils y en a d’autres malheureusement qui sont ingrats, des ceintures noires que j’ai formé et puis (il soupir) du jour au lendemain tu ne les voit plus et vont peut-être ailleurs ou pire ils arrêtent et il te mentent et te raconte des histoires et ça et ça…J’aime bien par exemple quand il y a cours, moi je viens à chaque fois, je suis obligé de venir par respect pour mes élèves mais j’aime bien aussi qu’on me respecte…c.-à-d. si on ne vient pas, la moindre des choses c’est de me dire voilà je ne viens pas, un petit message , je ne vais pas lui tenir rigueur parce qu’il ne vient pas, parce que… mais par honnêté vis-à-vis de moi… si je suis honnête avec quelqu’un j’exige qu’il le soit avec moi, si non notre relation ne peut pas durer, voilà…donc je peux dire que certains sont très correctes d’autres ne le sont pas, mais c’est gens là, ne sont plus ici…j’en veux à personne de toute façon, chacun peut choisir sa vie, chacun fait ce qu’il veut, moi, je suis ici, je donne mon cours…celui qui vient il est le bien venu du moment qu’il respecte les règles , il aura ce que je dois donner, ce que je donne, mais je donne pas pour avoir un retour, maintenant, le respect c’est important voilà… »



Z : Jusqu’ à quel âge comptez-vous donner cours ? (Je ris)

A.E. : « Ca c’est une très bonne question… J’espère que j’aurais une très longue vie et une très bonne santé … tant que la santé me le permet je serais toujours la pour vous faire souffrir (il rit) voilà ! Oss ! »



Z : Quel âge avez-vous ?

A.E. : « J’ai 50, je vais sur 51 ans donc peut-être encore 50 ans de pratique… (Il rit) à vous faire souffrir (il rit) … »


Z : Merci, j’espère…