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mercredi 12 janvier 2011

Entraînement au makiwara (Puissance de frappe)


Réflexion autour du Makiwara et de la frappe réelle


Entraînement au makiwara

par Carl Cestari



Shigeru Kimura Sensei 9ème dan de Tani-Ha Shitoryu Shukokai avait un coup de poing qui équivalait à être touché par un boulet de canon.

Kimura Sensei avait gagné le championnat de karaté de la All Japan Karate Association deux années d'affilée. Sa technique était rapide comme l'éclair, nette et décisive. Il y avait un problème, toutefois. Tani Sensei, meilleur étudiant de Mabuni Kenwa et fondateur du Tani-Ha Shukokai croyait fermement dans le concept séculaire du IKKEN HISSATSU, ou « Un coup-Un mort ». Kimura Sensei n'était pas sûr que la technique qu'il possédait était capable de cela dans un SHINKEN SHOBU, ou véritable confrontation de vie ou de mort.

Lui et d'autres du Shukokai commencèrent à expérimenter avec Bogu. Kimura était atterré que ses coups de poing et ses coups de pied manquent de puissance d'arrêt lorsqu'ils étaient appliqués à pleine force contre une résistance réelle. Maintenant, Tani Sensei était un vrai innovateur et avait « changé » le waza du Karaté Shitoryu afin de lui conférer davantage de force, de vitesse et de puissance. Tani fut la première personne à formuler le terme de « double hanche », en référence au mouvement de rotation utilisé pour créer une force balistique plus importante.

Kimura Sensei alla plus loin. Il développa d'autres concepts basés sur la science sportive moderne, les techniques d'entraînement et les séries d'exercices.

Lorsque Kimura Sensei débarqua aux Etats-Unis et commença d'enseigner au dojo de Yonezuka Sensei vers 1970, il fut interviewé par un écrivain sportif célèbre. Cet homme fit le commentaire écrit que Kimura avait un coup de poing aussi puissant, si ça n'était plus puissant, que n'importe lequel des combattants professionnels, y-compris des poids lourds, que cet écrivain sportif avait connu au cours des ans. Un grand compliment si l'on considère que les artistes martiaux estiment que les boxeurs possèdent les frappes les plus puissantes de toutes les méthodes de combat !

La clé de voûte de l'entraînement du Shukokai de Kimura était l'utilisation du « bloc de frappe », connu aujourd'hui sous le nom de « tapis de frappe ».

Les premiers que nous avons utilisés n'étaient que des carrés de mousse expansée de 35 cm sur 35 cm cm d'épaisseur entourés d'une ceinture de Gi. On y répétait trois techniques constamment pendant des heures et des heures d'affilée. Il s'agissait du « gyakuzuki », ou coup de poing en opposition, du « maegeri », ou coup de pied de face, et du « mawashigeri », ou coup de pied circulaire. L'utilisation des principes de la « double rotation des hanches », du « recul musculaire », du « coup de fouet », du « verrouillage total du corps » et d'autres concepts basés sur les sports modernes, la vitesse dynamique et la puissance impressionnante qu'on pouvait développer rendaient de tels entraînements beaucoup plus utiles que les habituelles répétitions simiesques de mouvements de la plupart des autres dojos.

L'utilisation de blocs de frappe développait à la fois la capacité du frappeur à délivrer un choc massif et celle du « frappé » à encaisser un choc massif.

Les blocs de frappe, ça marche. Puisque ces blocs permettent de vraiment travailler la pénétration dans la cible, on peut développer la capacité de sentir avec quelle efficacité on frappe.

Il n'y a qu'un problème ! Il vous faut un partenaire d'entraînement. Votre partenaire est celui qui tient les blocs et vous donne le retour visuel quant à làefficacité de vos coups. Au bout d'un moment et avec le développement correct de la technique, un autre problème surgit. Vous serez capable, quand tout sera au point, de frapper si fort qu'après deux ou trois « pêches », votre partenaire n'aura aucun intérêt à continuer. Les jours vraiment « fastes », vous pourrez même le faire en un seul coup.

Un individu grand et puissant (d'à peu près 120 kg) connu pour son endurcissement et son conditionnement corporel, et ceinture noire dans un système fameux pour ses entraînements « physiques », qui s'entraînait avec nous dura seulement trois coups. Au troisième coup de poing en opposition, il laissa tomber le sac et compta presque ses abattis. Il avoua que sans le bloc, le premier coup aurait pu le tuer. Un autre « bodybuilder » massif et imposant encaissa un coup (à travers 25 cm de mousse dense) et devint blanc, perdit sa capacité à respirer et à parler, et tomba à genoux. Quand il fut remis, quelques minutes après, il affirma qu'il s'était senti comme si un choc électrique avait « éteint » son coeur ! Il avoua que, pendant une seconde, il avait vraiment pensé qu'il allait mourir. Le « frappeur », dans ces deux cas, faisait à peu près 83 kg.

Alors voici ma solution pour s'entraîner sans partenaire :

Il y a parmi vous des "vieux de la vieille" qui se souviennent de Franck Smith ? Dans les années 60, Franck Smith était le « frappeur » du Karaté Shotokan américain. C'était un tank et il exécutait le style Shotokan à la perfection.

Sa signature était le coup de poing en opposition ! Il développait sa technique sur un « makiwara » construit sur mesures. C'est celui-ci que nous utiliserons comme base.

Voici comment nous procèderons : Un bloc de bois de 15 cm sur 15 cm sur 15 cm fixé sur le sol ou le mur (clou ou ciment), un autre fixé à l'angle formé par le mur et le plafond. Quatre pitons à oeilleton, chacun fixé sur les côtés des blocs. Une planche de pin de 2,5 cm d'épaisseur, de 2,40 m de longueur et de 20 cm de large qui va du bloc du sol au bloc du plafond. Deux cordes élastiques. L'une va du premier piton au second sur le bloc du sol, assurant cette extrémité de la planche, et l'autre joue le même rôle pour le bloc du plafond.

Et voilà votre "makiwara" de base. Maintenant, au fur et à mesure que votre puissance de frappe s'améliore, vous pouvez rajouter des planches ! Et remplacer celles que vous brisez !

A présent, voici notre amélioration : Prenez deux autres cordes élastiques. Procurez vous un « tapis de frappe » de « KAM Industries » (New Jersey). Fixez le tapis au niveau du plexus solaire/poitrine avec les élastiques.

Et puis allez-y ! Vous pouvez utiliser le tapis de frappe, et voir et sentir la vitesse et la puissance développées sans partenaire. A mesure que votre technique se développe et se renforce, ajoutez des planches. Un entraînement survitaminé pour votre force de frappe !

La seule partie vraiment ardue est le "développement" de la technique correcte et adéquate.

Kimura Sensei disait toujours que vous ne vous ne pratiquiez pas ou ne vous entraîniez pas tant au karaté que vous ne l'étudiez. Pensez-y. Chaque répétition de chaque technique est une étude complète de la mécanique du corps, de la vitesse, de la dynamique de la puissance, de l'équilibre et de l'efficacité en soi.

Chaque technique doit toujours vous enseigner quelque chose !

Un dernier commentaire : S'entraîner sur un « makiwara » traditionnel est excellent pour le développement de la force de la main et du poignet comme pour l'endurcissement du poing et de la main.

Les vieilles méthodes d'entraînement faisaient ample usage de sacs de sable suspendus et du makiwara.

L'entraînement au vrai makiwara développe de grandes qualités. Les experts authentiques d'Okinawa utilisent des poids suspendus à des cordelettes 20 à 25 cm derrière les planches, et à la même distance du mur.

Lorqu'ils frappent avec "chinkuchi", ou kime similaire au "fa-jing", le transfert d'énergie vers le poids à travers le makiwara est évident. Celui-ci est responsable du développement du véritable « tsuki », dans lequel l'énergie est déversée dans la cible, pas seulement dessus.

Le veritable "Ryku-Ken", ou "poing d'Okinawa » (également connu sous le nom de Daikento) est mal compris. L'alignement correct est 70-40 ou 80-30 sur l'articulation de l’index (ce qui explique dans une certaine mesure le Motobu-ken). On ne peut vraiment entraîner cela que sur un makiwara.

J'ai plusieurs "types" de makiwara. Certains importés d'Okinawa. Chacun à un « goût » différent. Mon principal est monté avec du chanvre grossier et épais, et couronné par un couvre-makiwara en cuir de Shureido. Pourquoi ? J'utilise l'enveloppe de chanvre pour les articulations des doigts et l'arête de la main. J'utilise le tapis en cuir pour « Ipponken », l'oeil du phénix ou une seule articulation, ou pour « Oyayuken », ou articulation du pouce, et pour les armes similaires concentrées sur un seul point.

La base de celui-là a été faite sur mesures chez un soudeur.

[ndt : il semble que l'article original ait été assorti de photos]

Un des "pai" de Kungfu-Wushu que j'ai étudié était un dérivé de ce que je pourrais le mieux décrire comme une combinaison de bakmei, poing des cinq ancêtres, et de l'oeil du phénix. Alors? Ouais, vous avez deviné ! Grande confiance dans le coup avec l'articulation de l'index. Le conditionnement de cette arme pour ce style était le sac de sable (et les pompes sur un doigt sur des moellons). C'était en substance un sac rempli de sable. Assez brutal pour commencer. Mais voici ce que je pensais être vraiment meilleur, par opposition à un sac lourd « normal » :

Vous pouviez rentrer dans le même point avec une force concentrée sans discontinuer. Peu de balancier ou de mouvement, s'il en était, et pas de souci de tournoiement, de coup de travers ou de quoi que ce soit qui vous fasse glisser sur la toile et vous égratigner ou vous écorcher.

Je présume que nous parlons bien de frappe à main nue, sans gants.

Lorsque l'expert en Karaté Coréen authentique (MooDukKwan) Ki Chung Kim enseignait au dojo de Yone, le sac lourd était également rempli de sable ! J'ai questionné M. Kim ce jour-là et il m'a fait les mêmes réponses que j'ai postées ci-dessus.

Les sacs lourds remplis de sable développent particulièrement bien la pénétration et le déversement d'énergie, ou énergie « injectée ».

Je frappe tout ce que je peux frapper. Chaque coup développera une qualité importante différente.